La SCIC Hab-Fab (1) a initié dans le village d’Anères, près de Lannemezan, un programme de réhabilitation d’un ancien couvent via la création d’une coopérative d’habitant.e.s. Ce lieu de 2.000 mètres carrés habitables abritera sous un même toit habitat intergénérationnel et activités économiques. De quoi répondre aux besoins de logements abordables et de revitalisation du territoire.
Il n’aura pas fallu plus d’un an pour que le projet du 23 à Anères (c’est l’adresse et le nom de la coopérative) devienne réalité. Après une éphémère association de préfiguration créée en mars 2020, la coopérative d’habitant.e.s (2) voit le jour en septembre 2021. Neuf foyers, épaulés par quelques habitant.e.s du village, s’impliquent dans les groupes de travail qui construisent pas à pas le projet : écriture de la charte, statuts, choix architecturaux et futurs usages du lieu, utilisation de l’hectare de jardin qui entoure la propriété, communication ou encore aspects juridiques et financiers, tout est discuté en commun. Parisien.ne.s, Nantais.e.s, Picard.e.s, Montpelliérain.e.s, Lotois.e.s, ou encore Bagnérais.e.s, des retraité.e.s, des couples, des familles composent le panel des futurs coopérateur.trice.s, avec une règle d’or : la moitié seulement des habitant.e.s aura plus de 50 ans.
Dès le printemps 2022, une partie du tiers-lieu sera aménagé, avec des espaces de co-working et des locaux pour les professions indépendantes, la chapelle pour des stages et des animations culturelles, une salle de réunion et une cuisine collective. « La particularité du projet est la mixité des usages, avec de l’habitat accessible, un espace de coworking, des activités professionnelles, artistiques et touristiques. Cela permettra d’offrir des services complémentaires sous forme d’un véritable lieu de vie. Un bout de village en plus, sans autres murs autour que des haies nourricières. Et qui participera à la vie culturelle du village », détaille Stefan Singer, directeur général d’Hab-Fab. C’est qu’Anères est déjà un terreau fertile, avec à deux pas du 23 son « voisin » le 22, occupé par le très actif café culturel Le Remue-Méninges.
Outre les fonds apportés par les fondateur.trice.s – « l’épargne d’une vie » mise au pot commun - la coopérative d’habitant.e.s souscrira un prêt locatif social (PLS) pour la création de quelques logements à loyers modérés et avec une fiscalité favorable. « Les futurs habitant.e.s seront locataires mais une part du loyer sera mise en épargne qui, cumulée, leur sera restituée au moment du départ », explique Stefan Singer. Des emprunts bancaires et solidaires et du financement participatif viendront compléter un budget total de 4 millions d’euros. Les acteur.trice.s institutionnels soutiennent le projet ainsi que les collectivités territoriales, qui voient dans ce lieu hybride une solution de revitalisation économique et un modèle reproductible ailleurs, les friches patrimoniales étant nombreuses en milieu rural. Un essaimage qui ne serait pas pour déplaire à Hab Fab, dont le directeur se réjouit du développement d’un modèle, l’habitat participatif, « qui apporte des solutions là où personne d’autre ne sait faire ».
(1) La SCIC, société coopérative d’intérêt collectif, associe des personnes physiques ou morales autour d’un projet commun alliant efficacité économique, développement local et utilité sociale.
(2) La coopérative d’habitant.e.s est une 3ème voie entre la propriété individuelle et la location. Elle dissocie la propriété collective de l’immeuble du droit d’usage individuel des logements. Elle porte des valeurs de convivialité, solidarité, mixité sociale, intergénérationnelle et d’écologie.
